« Gruger le verre, savez-vous ce que cela veut dire ? » Autour de la table, les huit apprentis s'interrogent. Thierry Mares, leur formateur dévoile la signification de cette expression employée par les miroitiers avant d'évoquer la fonction des autres pinces utilisées par les différents corps d'état du bâtiment.
Jusqu'à vendredi, ces personnes éloignées de l'emploi pour diverses raisons, vont être sensibilisées à des métiers porteurs, ceux du bâtiment. Un secteur en manque de main-d'œuvre, contraint de faire appel aux travailleurs détachés pour combler la pénurie de « salariés motivés ». A l'aube de la crise sanitaire, qui n'a rien arrangé, plus de 200 offres ne trouvaient ainsi pas preneurs dans le département.
C'est l'association Partage Travail*, basée à Compiègne, qui s'est engagée à leur dispenser cette formation socle de 35 heures, pour leur apprendre les gestes et postures à adopter, les consignes de sécurité à respecter en entreprise et le comportement à privilégier.
« Notre objectif, c'est l'insertion »
« On leur donne un minimum de connaissances sur les différents métiers pour que la communication passe mieux avec les entreprises, précise Thierry Mares. Par ce biais, on les aide à faire un choix d'orientation. »
Car à la fin de cette formation, les apprentis vont être mis à disposition d'entreprises locales, dans la limite de 480 heures sur deux ans. « Notre objectif, c'est l'insertion, rappelle Vincent Cacheur, le directeur de Partage Travail. Si une entreprise souhaite embaucher la personne avant la fin de ces 480 heures, alors nous aurons réussi. »
Le but de ce partenariat passé entre l'association et la Fédération française du bâtiment (FFB) est en effet d'insérer durablement ces personnes pas ou peu qualifiées, dans le monde du bâtiment. « C'est un secteur où il y a plein d'opportunités, affirme Philippe Morin, président de la FFB de l'Oise. Et nous avons la chance d'avoir plein de projets à proximité comme le Grand Paris ou encore le canal Seine-Nord. »
« En cette rentrée difficile, il est indispensable que l'offre et la demande se rencontrent »
Jean-Paul Vicat, sous préfet de Compiègne se réjouit de cette « initiative de terrain ». « En cette rentrée difficile, il est indispensable que l'offre et la demande se rencontrent », souligne-t-il. Partage Travail s'engage donc à recruter des salariés motivés et à leur dispenser une formation tandis que la FFB doit promouvoir ce dispositif auprès de ses adhérents et trouver des entreprises volontaires.
Sébastien, l'un des huit apprentis de cette première promotion, compte sur ce partenariat pour trouver un emploi. « J'aimerais travailler comme couvreur ou maçon mais on me répond toujours qu'il me faut de l'expérience. J'espère que cette formation va m'aider dans mes recherches et déboucher sur quelque chose de concret. »
Idem pour Taoufiq, un habitant de Ribécourt-Dreslincourt qui aimerait devenir peintre. « J'ai déposé des CV dans les boîtes d'intérim mais on ne me donne aucune mission », regrette-t-il.
Un gage de sécurité pour les employeurs
« L'expérience, il faut du temps pour l'acquérir et être présent en entreprise, sinon ce n'est pas possible, souligne Thierry Mares. Cette formation est un gage de sécurité pour les artisans qui auront affaire à des personnes sélectionnées, motivées, sensibilisées aux matières et aux gestes. »
En effet, au-delà des notions théoriques, le formateur met en condition ses élèves. Ils ont ainsi porté des tuiles et des ardoises pour apprendre les bonnes postures qui éviteront les troubles musculo-squelettiques, construit un mur pour acquérir des notions de base et apprendre à travailler en équipe.
Un dispositif « gagnant-gagnant »
Selon Partage Travail, trois grosses entreprises du secteur ont manifesté leur intérêt. Si elles font appel à ces salariés triés sur le volet, l'association leur facturera les prestations en contrepartie. Une pratique empruntée au secteur de l'intérim. « Nous ferons autant de formations qu'il y aura de besoins », promet Vincent Cacheur.
Ce dispositif « gagnant-gagnant » s'annonce tellement prometteur qu'il va être étendu à d'autres secteurs d'activité. Ainsi, une formation dédiée à la logistique va démarrer le 21 septembre, en partenariat avec FM Logistic. Une autre en lien avec les métiers de la grande distribution doit être programmée. « L'insertion est un engagement collectif! », rappelle Vincent Cacheur.
*Partage Travail : 03.44.86.42.82
September 02, 2020 at 08:43PM
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Oise : une formation pour combler le manque de main-d’œuvre dans le bâtiment - Le Parisien
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