Il n’a pas attendu la crise du Covid-19 pour livrer ce message. Mais l’arrêt des chantiers ces trois derniers mois lui donne un peu plus de voix. Frédéric Demongeot, président de la Fédération française du bâtiment de Côte-d’Or (FFB 21), en appelle aujourd’hui à la responsabilité des maîtres d’ouvrage, collectivités, bailleurs sociaux, particuliers ou promoteurs, pour qu’ils priorisent les entreprises locales sur les chantiers.
« Je tiens tout d’abord à souligner l’enthousiasme de nos entreprises lors de cette période : elles ont été les actrices de l’économie du territoire. Le confinement a également amené une réflexion sur l’habitat et le consommer local. Les gens sont allés acheter des carottes chez leur épicier du coin. C’est très bien. Il faut désormais agir de la même manière dans le domaine de la construction-rénovation et faire intervenir nos PME (petites et moyennes entreprises, ndlr) », affirme notre interlocuteur, qui espère que l’ensemble de ses partenaires « donneront du sens » à leurs programmes.
« Nos entreprises ont été quatre mois à l’arrêt, à cause de la crise. Ajoutez à ça le gel des investissements dû aux municipales : les dossiers sont désormais repoussés de plus d’un an. Or, nous devons conserver nos emplois et nos savoir-faire. […] Il faudra libérer du foncier pour construire mieux et au juste prix », détaille Frédéric Demongeot.
« Nous devons expliquer »
Des mots qu’il rabâche déjà depuis trois ans, via le projet “Bâtissons équitable”, lancé dans l’ensemble de la Bourgogne-Franche-Comté. « Un emploi dans le bâtiment, c’est deux à trois emplois induits dans la région : nous nous fournissons en matériaux localement, nous mangeons au restaurant le midi, nous achetons des maisons dans le territoire… », liste le président de la FFB 21, conscient du rôle pédagogique de sa fédération.
« Nous devons expliquer tout ça à nos clients. Leur expliquer pourquoi il est important de faire appel à nous et non pas aux travailleurs détachés, par exemple », glisse-t-il, un brin amer face aux maladresses du gouvernement de ces dernières semaines.
« Quand la ministre du Travail explique que les ouvriers du bâtiment peuvent reprendre parce qu’ils travaillent dehors, c’est une sacrée méconnaissance de nos métiers… Cela contribue à un déficit d’image, notamment auprès des jeunes », analyse-t-il.
Les jeunes, justement, la fédération souhaite les attirer en masse dans sa filière. « Parce que chez nous, l’ascenseur social fonctionne toujours : on peut commencer compagnon et finir chef d’entreprise », conclut Frédéric Demongeot, qui espère que les aides à l’embauche d’alternants, votées par le gouvernement début juin, profitent à la voie de l’apprentissage dans le bâtiment.
« Si on n’y gagne pas en prix, on gagne tout autre chose »
Voisin immobilier, promoteur dijonnais historique créé en 1947, répond depuis des années à l’appel de la FFB 21 (Fédération française du bâtiment de Côte-d’Or). « Nous sommes nous-mêmes une entreprise locale. Cela n’aurait aucun sens de ne pas faire appel aux sociétés locales pour nos chantiers, qu’il s’agisse des architectes, des géomètres ou des entreprises de travaux pour les différents lots », entame Éric Villain, directeur adjoint de l’agence.
Lui estime n’avoir « aucune raison » d’aller chercher loin ce qu’il peut trouver à côté de chez lui. « Même sur des chantiers complexes de dépollution, par exemple, nous avons les compétences dans le territoire. Et puis, travailler avec ses voisins offre un avantage évident en matière d’organisation », ajoute-t-il.
Plus facile, en effet, d’organiser une réunion ou de pallier un imprévu lorsqu’il n’y a que quelques minutes de route pour que l’ensemble des partenaires se retrouvent sur site. « Et puis, ensemble, nous anticipons mieux les choses », assure Éric Villain, qui affirme qu’en matière de prix, il s’y retrouve également.
« Sur certains volets, comme les ordonnancements-planification-coordination (OPC), nous gardons la main, sans intermédiaire. Nous gagnons donc en productivité et en temps. Et le temps, c’est de l’argent », assure-t-il, évacuant d’un revers de la main le fantasme du « plus cher en local ». « Et puis, si on n’y gagne pas en prix, on y gagne tout autre chose », conclut-il.
July 05, 2020 at 10:11AM
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Côte-d'Or. Après la crise, il faudra aussi consommer local dans le bâtiment - Bien Public
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